Le cuir et les morceaux d'os, c'est bien gentil, mais on peut mieux faire...

Après l'apogée de l'âge de pierre, de nouvelles matières inédites firent leur apparition : les métaux. En premier l'or et le cuivre furent utilisés. Présents dans la nature sous forme de pépites, ces cailloux bizarres ne faisaient pas d'éclats sous le marteau, mais pouvaient presque se modeler comme l'argile. Si l'or bien trop mou pour un usage belliqueux fut réservé à la bijouterie; le cuivre plus rigide, et souvent en plus gros morceaux que l'or permit de réaliser de petits couteaux. Mais le simple martelage de pépites, ne permettait pas la réalisation de grandes pièces.

Il fallut attendre un paris stupide fait par deux gars complètement pétés à l'hydromel et dont l'histoire à préféré oublier les noms, pour que l'humanité découvre qu'en faisant cuire les cailloux de métaux pour les manger, ils se mettaient à fondre. Mais qu'à cette température, ils occasionnaient de très graves brûlures.

On put dès lors réunir de nombreuses pépites en un seul morceau de la taille qu'on voulait, voir couler directement dans des moules les pièces désirées.

De nouveaux métaux furent découverts, et de leur alliage pas toujours volontaire naquit le Bronze. Les nouvelles armes coupaient certes moins bien que la pierre, mais étaient moins friable, et d'un entretient plus simple. en frottant la lame contre un caillou on obtenait en quelques instants un nouveau tranchant digne de ce nom. Mais l'avantage principal était que ça en jetait un max.

Mais et les armures, me direz vous ? Ben oui, on est censé en parler ici. Et bien, j'y viens.

Dans un premier temps, nous l'avons vu, le métal se trouvait uniquement en petits morceaux. Et les traditions et les habitudes conduisirent à réaliser des copies d'armures en os avec ces nouveaux métaux d'abord pour les chefs bien placés, puis petit à petit pour les troupes d'élites. Avec moins de décoration tout de même, faut pas pousser. (voir l'épisode précédent pour la tête de ces armures).

Cependant, on pouvait faire plus souple, plus étanche au coups, et plus clinquant. La nature fournit alors un modèle très intéressant: le poisson.

Cette bestiole présente une jolie armure naturelle, articulée, souple, et très chiante quand on le mange. Il ne restait alors qu'à copier pour réaliser les armures d'écailles. Les formes et les modes de fixations des différentes variétés d'écailles sont infinies, mais en voici un exemple assez simple: pour un petit t-shirt d'écailles, il vous faut un bon mêtre carré de tôle; une pince passante (grosse pince coupante à tôles demandez en à votre dealer en métaux); une perceuse; une règle graduée; un compas; une lime; un vrai t-shirt auquel vous ne tenez pas (mais solide); un ruban de toile; et du fil très costaud (métallique de préférence, mais pas trop gros); et surtout BEAUCOUP de patience et de longueur de temps, un peu de force, la rage est superflue.

Découpez la tôle en petits carrés à la mesure de votre patience, plus ils sont petits, plus c'est joli, mais plus vous porterez atteinte à votre santé mentale. Personnellement j'aime bien les carrés de deux centimètres de coté, des pièces de plus de dix centimètres seraient trop grands. Trouvez un bon compromis, et faites des essais en papier, pour avoir une idée de l'aspect final, sans foutre en l'air cent balles de métal.

Ça y est, vous avez fait vos centaines de petits carrés ? Allez, courage, il reste encore trois étapes hautement intéressantes et valorisantes intellectuellement.

Avec le compas et la pince passante, arrondissez un des angles de chaque carré. Attention, ne déréglez pas le compas tout du long pour respecter l'uniformité des pièces.

Faites un trou à chacun des trois angles non arrondis sur toutes les écailles. Puis limez soigneusement tout ce qui pourrait s'avérer tranchant ou piquant. Toutes vos pièces devraient maintenant présenter l'aspect suivant:

Il ne reste plus qu'à coudre tout ça sur le t-shirt en suivant le point montré ci après:

Faites bien attention à commencer par le bas de l'ouvrage, pour que les écailles s'imbriquent telles les tuiles d'un toit, chaque nouveau rang cachant et protégeant les coutures du rang précédent. Pour pouvoir entrer et sortir de votre armure, prévoyez une ouverture sur toute la longueur d'un coté du vêtement, ainsi qu'un système de fermeture par oeillets et lacets, ou par bandes Velcro™.

Terminez en cousant soigneusement le ruban de toile sur tout les pourtours de l'ouvrage, afin d'éviter l'usure due au métal frottant d'autres éléments de costume, ou pire votre peau !

Cette armure, en lui adjoignant une jupe de même type, longue et fendue devant et derrière; conviendra, si elle est de la couleur du bronze pour beaucoup de troupes d'élite de l'antiquité, ou pour les elfes qui selon la mythologie serait allergique au fer.

Pour rester environ à la même époque, regardons maintenant du coté de la mer Egée, chez nos amis grecs. Là, alors que la civilisation hellène atteint son âge d'or, le bronze fait de même, avant qu'un petit nouveau ne fasse son apparition: le fer. Mais restons encore avec le bronze qui resta incontesté pendant tout de même deux bons millénaires avant de se voir relégué au second plan.

Les premières cuirasses grecques semblent avoir été faites de cuir épais, ou de tissu de lin matelassé, recouvrant peut être une armure d'écailles de bronze isolée ainsi de la chaleur du soleil. Si la composition de ces armures nous est inconnue, sa forme, est elle parfaitement maîtrisée grâce aux nombreuses sculptures d'époque. La voici vue du coté extérieur.

Et voici ce qu'elle donne une fois fixée :

Les casques et les boucliers, eux, furent très rapidement intégralement en bronze. De plus les cités états grecques désirant que tous leurs citoyens guerriers atteignent un niveau similaire d'équipement, un vrai système de travail en série fut mis en place. Des formes de marbre étaient utilisées pour modeler les plaques de tôle de bronze aux dimensions et cotes exactes spécifiées. On appliquait la feuille de bronze sur le moule en bosse, on martelait pour donner la forme, et le tour était joué.

Vous pouvez aisément faire de même avec de l'aluminium d'un mm d'épaisseur, et une forme en bois dur que vous aurez sculpté au préalable.

De cette époque, le simple mais toujours élégant casque corinthien est resté un emblème des phalanges grecques.

Sa fabrication est très simple : une demi sphère en haut; une bande de métal joliment découpée pour le tour; et des rivets pour fixer les deux ensembles. Le support de crête est lui aussi rivé.

De la tôle épaisse d'aluminium (1 mm à 1,5 mm) présentera l'avantage de se travailler facilement au marteau, et la pince passante la découpera comme du papier. Le bronze étant lui trop cher, et le fer trop lourd, et trop rouillant. Une bonne peinture en bombe restaurera l'aspect du bronze si vous y tenez vraiment. Mais il semble que déjà à cette époque, comme plus tard au moyen âge, les pièces d'armures étaient souvent complètement peintes de simples décorations ou de symboles éventuellement héraldiques.

si fabriquer la demi sphère du casque vous parait chose impossible, achetez le numéro 2 des tricoteuses de métal dès sa parution, ou allez dans un surplus de l'armée, et achetez un vieux sous casque plastique. Il ne vous restera qu'a mesurer la circonférence du casque qui sera égale à la longueur du bandeau moins deux centimètres. Tracez sur la tôle la forme du bandeau (dessinez en la moitié, puis décalquez la et reportez la inversée sur le métal pour une parfaite symétrie). Découpez, limez les bords tranchants. Arrondissez le bandeau délicatement à la main, et rivetez.

Pour la crête, on verra une autre fois, si vous êtes sage. Si vous ne savez pas ou trouver du métal; un conseil: Minitel 36 11 écrivez tôle dans profession, précisez votre région, et envoi.