Comme vu précédemment, les premières armures furent probablement en cuir. Confortables et de fabrication aisée, elles avaient pourtant de graves lacunes notamment du point de vue de la résistance…

Pour résoudre le problème de la résistance du cuir face aux objets les plus pointus et les plus solides, à une époque où le métal n'était pas encore découvert. L'homme, toujours aussi astucieux tant qu'il s'agit de casser la tête de son prochain, tout en évitant de se faire casser la sienne, eut l'idée d'utiliser une des matières les plus dures qu'il avait sous la main, ou plutôt sous la dent : l'os.

Un crâne de grosse bestiole protégera agréablement la tête, à condition de creuser un peu le dessous, d'enlever quelques dents mal placées, et de rembourrer de paille l'intérieur. Où d'un bon bout de viande, pour le confort c'est encore mieux que la paille, et en plus, ça fait une réserve pour les petits creux. Certes, sur un jeu c'est plutôt ragoûtant, mais à l'époque, ils trouvaient ça pratique.

Eventuellement, une bonne corde pour bien tenir ça sur la tête surtout si il y a des cornes, quand on donne des coups de boules, c'est mieux.

Pour protéger le reste du corps, des os plats et larges tels que des omoplates font tout à fait l'affaire.

Le temps passant les goûts devinrent plus raffinés, et des soucis de décorations firent leur apparition, et l'évolution des techniques permi d'améliorer l'aspect de ces protections rudimentaires. Des sculptures en bas relief, ou des petits trous, représentant des animaux ou des motifs géométriques étaient du meilleur effet. Par contre si vous essayez de vous y mettre, évitez absolument d'utiliser des outils électriques, pour meuler ou percer, et surtout faites le en plein air avec un bon masque et des affaires auxquelles vous ne tenez pas. En effet, le travail de ce type de matériaux dégage une poussière très tenace dont l'odeur fait regretter celle des boules puantes.

Dans l'artisanat de certaines peuplades ou peuples encore existants, on trouve toujours des pièces de protection en os. Notamment chez les Amérindiens du Nord. En effet qui n'a jamais remarqué l'espèce de plastron que portent souvent des guerriers Apaches dans les westerns ?

Ce type de protection, destiné à dévier les flèches ennemies, est constitué principalement de deux "colonnes" verticales faites chacune d'une trentaine perles cylindriques en os taillé, d'environ 15 cm de long sur un cm de diamètre. le tout soigneusement assemblé avec des bandes de cuir et des perles colorées pour obtenir le résultat suivant:

Ici, l'aspect final, autorise l'emploi de baguettes de bois pour remplacer les perles cylindriques en os. Vous n'êtes pas non plus obligés de percer les baguettes dans le sens de la longueur, un trou transversal de chaque coté permet un assemblage aisé. Les puristes mangeront eux, une trentaine de poulets pour récupérer et tailler leurs tibias. Bon appétit !

Il est aussi certainement possible, pour les feignants, de trouver ce type d'accessoire tout fait dans des magasins d'articles typiques US, voire dans des boutiques de parcs d'attraction, ou ailleurs en fouillant bien partout. (le costume d'indien du petit frère, par exemple…). Il y a aussi un peu partout la possibilité de trouver des colliers de construction similaire, et s'inspirant du même folklore; donc ne vous privez pas.

Ce type de déco sera parfait pour des monstres gobelinesques ou approchants, mais aussi, bien sur, pour un GN Far-west.
En allant toujours plus loin, les os longs peuvent être découpés en longueur pour former des plaques rectangulaires à la surface arrondie. Là aussi, des demi-cylindres de bois blanc, feront très bien l'affaire. pervertissez des manches à balais ! Ainsi, on peut obtenir, en les cousant cote à cote sur du cuir ou un tissu épais, des armures lamellées d'un très bel effet.

Mais je mélange le bois à l'os, de plus en plus dans mes explications, alors regardons un peu du coté de ce matériau noble et chaud (et à l'odeur bien plus agréable quand on le travaille)……

D' après les sculptures qu'ils nous ont laissées, on peut penser que les Khmers d'Angkor possédaient des cuirasses taillées dans un bloc de bois telles que ceci:

Il est bien sur, tout à fait possible d'improviser ce que l'on veut comme forme de protection, surtout pour un jeu non historique !

Mais pendant que certaines peuplades cherchaient à se protéger d'armes pointues ou tranchantes, avec des armures dures, d'autres devaient faire face à des armes contondantes ou mal affûtées. Le choix se porta plus sur des protections molletonnées, pour amortir les coups reçus.

Ainsi, les peuples d'Amérique centrale ou du sud, jusqu'à l'arrivée des conquistadors n'avaient quasiment à faire face qu'à des casses têtes ou des armes contondantes. Certes des épées, haches et lances de bois à tranchants d'obsidienne rapportés faisaient parti intégrante de leur arsenal, et coupaient franchement bien, si ce n'est profondément. Mais l'objectif principal de chaque guerrier en combat était de capturer des prisonniers, pour fournir des consommables lors d'offices religieux, mais surtout pour gravir les échelons de la hiérarchie militaire. Par conséquent les blessures étaient généralement peu incapacitantes, et amortir les coups pour éviter d'être assommé devenait le souci principal de chacun. Ils dévelopèrent donc le "tlahuiztli" : une sorte de T-shirt sans manches capitonné de coton non filé.

Pour en réaliser un exemplaire,il vous faut : deux T-shirts ne vous serrant pas, avec une taille de différence entre eux deux (de préférence blancs si vous désirez rester fidèle à l'aspect historique extérieur); du kapok, ou du coton, voire du tapis de sol de camping en mousse; du fil et une aiguille (ou une machine à coudre pour les fainéants, vous perdrez l'aspect artisanal, mais c'est certes beaucoup plus rapide); et des ciseaux.

Commencez par enlever les manches des T-shirts, puis, enfilez les l'un dans l'autre à l'envers : (les côtés intérieurs des deux chemises de corps se touchant) Mettez le plus grand à l'intérieur pour l'instant. Réunissez les deux cols ensembles en les cousant, et procédez de même pour les ouvertures des bras. Puis pour le bas, en laissant toute fois une ouverture suffisante pour passer le bras entre les deux épaisseurs de tissu. Retournez le tout pour cacher les coutures que vous venez de faire à l'intérieur. Le plus grand T-shirt se retrouvant donc maintenant à l'extérieur.

Insérez ensuite le kapok entre les deux T-shirts, mettez en une épaisseur plus que respectable pour que ce soit efficace, et répartissez le bien partout. Puis refermez l'ouverture qui vous à permis d'entrer le rembourrage.

Si vous portez votre ouvrage tel qu'il est actuellement, après quelques moments d'utilisation, le molletonnage va s'entasser dans le bas, vous donnant un beau pneu autour de la taille. Pour éviter cela, il faut faire des coutures croisées, sur toute la surface du tissu.

Des coutures en diagonales, espacées de 5 à 10 cm, forment d'esthétiques carrés sur toute la surface, mais des coutures horizontales tous les 10 cm, entrecoupées de coutures verticales tous les 5 cm, sont un autre exemple tout à fait appréciable. A la limite, vous pouvez "dessiner" des silhouettes de motifs héraldiques. Enfin faites ce que vous voulez. Les Aztèques recouvraient le tout, pour les corps d'élite, de plumes d'oiseaux tropicaux. Elevez donc une centaine de perruches, et récoltez précieusement leurs plumes lors des mues. (Non, je déconne !)

Pendant ce temps, en Europe, les hommes se tapaient tout aussi joyeusement dessus. Sauf qu'eux tuaient directement lors du combat au lieu d'attendre des sacrifices ultérieurs. Ils développèrent des protections plus résistantes aux objets tranchants, mais la maille par exemple si elle empêchait d'être tailladé par le coup d'épée à deux mains donné par le gros barbare de deux mètres douze, elle n'était d'aucune utilité pour éviter les bras et les cotes cassées !

On mit donc au point le "gambison". Celui ci est tout à fait identique dans son principe au tlahuiztli, si ce n'est que le lin remplaçait le tissu de coton, et que crin et laine se substituaient à la bourre de coton. D'un point de vue esthétique, le gambison, présente un col montant; des manches longues; et une jupe descendant généralement au genou. Le tout étant bien sur rembourré lui aussi.

Cette protection, était donc sous la maille d'acier des plus riches, mais les combattants les plus pauvres devaient se passer du fer pour les protéger. Ils plaçaient donc entre la couche extérieure de tissu (à la livrée du seigneur), et le rembourrage, du cuir épais. Un rivetage régulier renforçant l'ouvrage, et maintenant la matelassure en place.